L’Agence Congolaise des Grands Travaux à la 10ᵉ édition d’Expo Béton

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Au cours du panel présidentiel de la 10ᵉ édition d’Expo Béton, un échange particulièrement riche a porté sur la situation des infrastructures en République Démocratique du Congo et les grands projets structurants en cours.

Prenant la parole, le modérateur a introduit le sujet en ces termes :

> «  L’ACGT intervient dans les domaines des routes,  voiries,  ports,  aéroports, ainsi que les infrastructures énergétiques… tout cela constitue le socle du développement d’un peuple. Je voudrais donc inviter Monsieur le Directeur provincial de l’ACGT à nous dresser un état des lieux du réseau d’infrastructures en RDC et à nous parler des programmes sectoriels en cours ou à venir. En particulier, nous aimerions en savoir davantage sur certains projets structurants, notamment le projet du Corridor Banana. Monsieur le Directeur, vous avez la parole. »

Prenant la parole, le Directeur provincial de l’ACGT/Haut-Katanga a d’abord tenu à présenter les excuses du Directeur Général, empêché pour des raisons de mission à l’étranger :

> « Je vous remercie pour la parole. Permettez-moi, avant tout, de présenter les excuses du Directeur Général de l’ACGT, actuellement en mission à l’extérieur du pays. Il aurait bien voulu être présent à cette importante manifestation. »

Poursuivant son intervention, il a dressé un tableau général du réseau d’infrastructures du pays :

> « La République Démocratique du Congo est un vaste pays, couvrant une superficie de 2,345 millions de kilomètres carrés. Sur cette étendue, notre réseau routier est estimé à environ 152 400 km, mais à peine 2 % sont revêtus.

Sur le plan ferroviaire, nous disposons d’environ 4 000 km de voies, dont la plupart datent de l’époque coloniale. Malheureusement, ce réseau n’a pas connu de modernisation significative depuis plusieurs décennies. La société nationale du chemin de fer peine à maintenir un fonctionnement optimal.

En matière de voies navigables, le pays compte près de 15 000 km, incluant le fleuve Congo et ses affluents. Ce potentiel reste encore largement sous-exploité. »

Face à cette situation, l’ACGT et le gouvernement ont mis l’accent sur une approche intégrée du transport :

> « Lors de la 9ᵉ édition d’Expo Béton, nous avions présenté le projet de réhabilitation et de modernisation du système de transport multimodal, une initiative pilotée par le ministère des Transports, en collaboration avec celui des Infrastructures. Ce projet vise à relier efficacement les différents modes de transport afin d’améliorer la connectivité nationale. »

Abordant ensuite les grands projets structurants, le Directeur provincial a mis en avant le projet du Corridor Banana, considéré comme stratégique pour l’avenir économique du pays :

> « Le Corridor Banana est un projet majeur que l’ACGT exécute en tant que maître d’ouvrage délégué du ministère des Infrastructures. Il s’agit de la route nationale n°1, reliant Kasumbalesa à Banana, sur environ 3 200 km.

Ce corridor constitue la colonne vertébrale de notre pays et permettra, à terme, de réduire notre dépendance vis-à-vis des pays voisins pour l’exportation de nos produits. Aujourd’hui, pour exporter, nous devons passer soit par la Zambie et l’Afrique du Sud, soit par la Tanzanie ou l’Angola. En cas de tensions ou de difficultés diplomatiques, nos exportations seraient compromises. Le Corridor Banana offrira donc une voie directe vers l’océan Atlantique. » Concernant le port en eaux profondes de Banana, il a précisé :

> « Les travaux du port sont déjà en cours, et la première phase devrait être opérationnelle d’ici le premier trimestre de l’année 2026. Ce sera une étape déterminante pour la logistique nationale. »

Il a ensuite évoqué l’état d’avancement de la Route Nationale n°1 (RN1) :

> « La RN1 est déjà asphaltée sur une bonne partie de son tracé, notamment de Kinshasa à Mbuji-Mayi. L’ACGT pilote, avec le financement du Programme Sino-Congolais, des travaux de réhabilitation sur le tronçon Lubumbashi–Kasumbalesa. Nous estimons qu’à l’horizon du premier semestre 2026, l’ensemble de la RN1 sera bitumée. »

Pour illustrer l’impact économique du projet, il a présenté une comparaison :

> « Aujourd’hui, un camion qui quitte Kasumbalesa pour exporter sa marchandise parcourt près de 2 846 km et dépense environ 9 258 dollars en transport. Avec le Corridor Banana, pour une distance de 2 320 km, ce coût serait ramené à environ 4 000 dollars. C’est donc un gain considérable pour les opérateurs économiques. »

Enfin, répondant à une question sur le financement du projet, il a précisé :

> « Le projet du Corridor Banana est exécuté en partenariat public-privé (concession). L’entreprise Gauff Engineering – Gifi World a remporté le marché. L’investissement global est estimé à environ 3,3 milliards de dollars américains, répartis en quatre phases.

C’est un projet structurant et stratégique, porteur d’espoir pour la République Démocratique du Congo, car il permettra non seulement d’améliorer la mobilité, mais aussi de dynamiser les échanges commerciaux et de désenclaver plusieurs provinces. »