Mardi 13 décembre 2022, Kinshasa s’est réveillé coupé du Kongo central de suite d’une érosion qui a endommagé la Route Nationale numéro 1 dans la partie comprise entre l’entrée du camp PM et l’arrêt en vrac. C’est le résultat de la grande pluie qui s’est abattue sur la ville dans la nuit. Cette nuit-là, Il est tombé sur la ville l’équivalent de pluie de tout un mois, a rapporté la station locale de la Metelsat! Sur le plan humain le bilan et lourd, au moins 162 personnes ont perdus la vie selon le décompte final annoncé par la ville. Pour leurs rendre hommage, 3 jours de deuil national ont été décrétés. Au chapitre des infrastructures publiques, des routes ont été inondées et dégradées. Plus grave, la Route Nationale numéro 1 qui relie les villes de Kinshasa et Matadi a été coupée en deux au niveau du quartier Matadi Kibala dans la commune de Mont-Ngafula. La chaussé pourtant encore utilisé la veille, a laissé place à un grand ravin, coupant ainsi le trafic entre non seulement une partie de la commune de Mont-Ngafula et le reste de la ville de Kinshasa, mais aussi entre la province du Kongo-Central et la capitale. Du coup, plusieurs camions remorques en partance ou en provenance de la ville portuaire de Matadi sont bloqués de part et autre de la route. Certains transportent des vivres frais, ce qui a immédiatement était une première source d’inquiétude. Kinshasa enterre ses morts entre autre dans les cimetières le long de la route du Kongo central. Avec cette inaccessibilité, c’est ne sera plus possible, une autre inquiétude des autorités venues nombreuses au matin de l’incident, pour en évaluer la gravité.
Le Directeur Général de l’Agence Congolaise des Grands Travaux, l’ingénieur Nico Nzau Nzau a accueilli ce matin-là sur ce site le Ministre d’Etat, Ministre des infrastructures et Travaux Public Alexis Gisaro, avant que le Premier Ministre ne rejoigne l’équipe. La situation est alarmante, le creux laissé par l’érosion est impressionnant avec les caractéristiques suivantes : une longueur de 300 mètres dans le sens transversal de la chaussée, une longueur de 80 mètres dans la section coupée qui est le sens longitudinal de la chaussée, une largeur de 30 mètres dans le sillon érosif, et une profondeur de 30 mètres. Le défi de son remblayage s’impose si l’on veut que Kinshasa ne soit asphyxié sur le plan de l'approvisionnement en denrée alimentaire, dira le Premier Ministre, conscient du rôle économique que joue cette route dans la région. Avant de s’en aller, il a instruit son ministre des infrastructures de trouver les moyens et les personnes qu’il faut pour rétablir au plus vite la circulation.
La Route Nationale numéro 1 Kinshasa-Matadi-Boma-Moanda est concédée à la société de péage du Congo SOPECO en sigle, c’est elle qui a la charge des travaux programmés dans le cadre des évaluations du contrat de concession. Ce travail, elle le fait sous la surveillance de l’Agence Congolaise des Grands Travaux qui agit en qualité de Maitre d’Ouvrage Délégué du Ministère des Infrastructures et Travaux Publics. C’est donc à ce binôme ACGT-SOPECO qu’est tout naturellement revenue la charge de trouver une solution à cette situation. « Monsieur le Directeur Général, la république fonde présentement beaucoup d’espoir sur le génie de vos agents, vous avez carte blanche sur le choix de la méthode, mais ouvrez nous cette route à la circulation le plus tôt possible », a été la dernière phrase du Ministre des infrastructures au moment de quitter le lieu du sinistre. Nico Nzau Nzau a immédiatement fait venir ses collaborateurs de la Direction des Etudes et Développement (DED) et ceux de la Direction de Gestion des Projets (DGP) pour évaluer la bonne marche à suivre en visant un résultat rapide et fiable. Le choix est porté sur un remblayage avec des gros éléments de moellon qui sont plus résistant à l’eau que la simple terre. Un double front est immédiatement mis en place, une trentaine de camions arrivent de la carrière Ledya de Kinsuka avec leurs précieux chargement, une autre vingtaine est servi sur la route de Matadi à la carrière de Kingantokoto. Le ballet de ces camions bennes est complété par l’action de 2 pelles chargeuses et 2 pelleteuses qui poussent les matériaux dans le creux de l’érosion. L’action parait laborieuse au vu de l’immensité du vide à combler. Peu à peu le volume apporté va grandissant et à la nuit tombée, une bonne partie du vide était remblayée par ces pierres de toutes formes et de toutes tailles. Le mercredi, deuxième jour des travaux, l’action s’est poursuivie et au soir une première bande avait été réalisée. Un compactage de l’ensemble fait, le trafic a été rétabli pour les véhicules en provenance de Matadi. Ce soir-là, c’est autour de 200 véhicules qui sont passés, juste avant qu’une pluie torrentielle ne vienne gâcher la reprise de la circulation. Des trombes d’eaux tombent ainsi dans la zone pendant 5 heures du temps. Abrités dans une maison non loin du chantier, l’équipe d’ingénieurs, des ouvriers de chantier comme les reporters venus couvrir à la réouverture partielle du trafic vont assister à un spectacle désolant lorsque les précipitations vont cesser. Une partie des matériaux d’apport a été emportée par les eaux, et un nouveau vide à commencer à se créer sur l’aile gauche de l’érosion. Un conducteur imprudent a vu son véhicule finir à 10 mètres de profondeur dans l’érosion. Heureusement il était seul et avait pu sortir indemne. Cette évaluation rapide des dégâts faite, l’équipe constate que le choix porté sur les moellons a été efficace. Rien des gros éléments n’a bougé, et c’est bon signe. Fort de cet acquit, au matin du jeudi le Directeur Général pousse ses équipes à faire en sorte que le soir la bande endommagée soit à nouveau disponible. Ce jour-là a ainsi été un grand jour d’espoir pour les usagers. La noria des camions bennes a repris très tôt, avec une intensité soutenue, malgré la présence des eaux dans les carrières qui obligeaient les conducteurs à plus de patience. Au soir, la quantité des matériaux apportée a fait que la première bande soit presque reconstituée.
Au jour suivant, soit le vendredi 16 décembre, elle a été consolidée mais pas ouverte au trafic. Sachant que les eaux ont dérangé l’ouvrage deux jours plus tôt, il a été réalisé un grand bassin de rétention en amont de l’érosion, et une fouille a été réalisée le long de la route pour le drainage des eaux. Dans l’impossibilité d’exécuter une maçonnerie qui ait le temps de durcir avec cette fréquence dans la tombée des pluies, les ingénieurs ont protégé le fond de ces ouvrages avec des bâches utilisés comme on le fait souvent avec des membranes géotextiles. Le samedi, le rechargement s’est poursuivi en vue de créer une deuxième bande. Ce jour-là ; ayant écourté son séjour aux USA ou il était pour le sommet USA-Afrique, le Président de la République est venu visiter ce chantier pour s’enquérir de l’évolution des travaux en compagnie de son épouse la première Dame. Accueilli par le Ministre d'Etat Alexis Gisaro, Felix Tshisekedi a reçu les explications du Directeur Général de l’Agence Congolaise des Grands Travaux tout le long de la visite. En face de l’érosion, un chevalet avait été dressé avec une bâche illustrant l’état zéro de l’érosion, avec des mentions sur les caractéristiques de l’érosion et des travaux y exécutés. Le Président apprend ainsi que tout est parti d’une mauvaise gestion des eaux de ruissèlement venues des habitations environnantes qui normalement ne devraient pas se trouver là au vu du relief. Félix Tshisekedi très attentif a donné des orientations pour que le trafic ne souffre pas davantage car des produits vivriers sont bloqués sur la route en provenance de Matadi. Symboliquement devant lui, le trafic a été rétabli et une vingtaine de véhicule ont pu traverser la zone des travaux. Les derniers réglages réalisés notamment en ce qui concerne la gestion du trafic, et après une annonce du service de communication de l’ACGT dans les principaux médias de la capitale, le trafic a été partiellement rétabli en début d’après-midi. De 15h le samedi à 12h le dimanche, ce sont les véhicules en provenance du Kongo Central qui ont été admis au passage. A partir de 12h le dimanche, ce sont les usagers en provenance de Kinshasa qui ont reçu la permission de circuler. Autour de 18h, la circulation a été interrompue et les travaux ont immédiatement repris pour se poursuivre jusqu’en début de soirée le dimanche, heure à laquelle les deux bandes ont été rendues disponibles. Le trafic a ainsi été ouvert dans les deux sens.
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